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  • Gala Fur

L'orgasme sans conséquence


J’ai avorté 3 fois parce que je n'avais pas en moi la fibre maternelle. Il paraît que cet instinct vient par la suite, comme l’appétit en mangeant. Je n’y crois pas en ce qui me concerne. Et puis j’aurais sûrement été une mère directive, c'est démodé à l'ère des bobos, mes enfants porteraient plainte contre moi pour ingérence dans leur vie scolaire.

Ne pas vouloir inviter un enfant dans un monde saccagé est un choix de plus en plus justifié. Malgré la pression sociale et familiale qui continue de s’exercer sur les femmes de trente ans, un grand nombre de femmes renoncent à la maternité. La loi autorisant l’IVG garantit cette liberté à la femme française. Mais un certain Bertrand de Rochambeau considère pour sa part que l’IVG est un homicide. Noblesse rime souvent avec étroitesse d’esprit. Cet aristocrate préside le syndicat français des gynécologues. Autant dire que ce docteur - comme la plupart de ceux qui invoquent cette clause de conscience pour s’abstenir, ne facilitent pas le parcours d’une femme qui a décidé d’avorter, ce qui va à l’encontre de la loi Simone Weil en vigueur depuis 1975. Cette clause de conscience devrait être abrogée puisqu’elle renforce le contrôle social sur le corps et la sexualité des femmes.

J’ai toujours eu UNE gynécologue. C’est une partie du corps médical bien représentée dans les grandes villes françaises. Je n’ai jamais envisagé qu’un homme puisse mettre son nez dans mon sexe ou y introduire un spéculum. J’ai d’ailleurs entendu des drôles d’histoires à ce sujet et, depuis que la parole des femmes est libérée, de terribles confessions sur France Culture. Bien sûr il existe aussi des femmes sadiques, peut-être même parmi les gynécologues ! Mon premier avorteur, un Grec, à Athènes, était de ceux-là.

L’article à propos de la clause de conscience invoqué par Bertrand de Rochambeau a été publié dans le journal Le Monde en bas de page de celui du journaliste algérien Kamel Daoud intitulé : « L’orgasme n’est pas un complot occidental. »

Le plaisir est un luxe dans ces pays musulmans où le collectif, la tribu, le groupe ne laissent pas l’individu s’incarner, ces pays qui vénèrent la prière où l’IVG, l’interruption de grossesse, qui ne peut hélas pas se pratiquer par l’intermédiaire des réseaux sociaux, la soupape du grand défoulement des pays prudes, l’IVG est hors la loi. « La sexualité vécue librement, visant la jouissance et pas seulement la procréation, régentée par la loi et le rite, risque à force d’amour et d’orgasme, de mener à la conclusion que le paradis d’ici-bas vaut mieux que le paradis promis. » Un paradis terrestre où la femme déciderait librement du nombre d’enfants qu’elle a envie d’avoir. Mes soeurs, apprécions notre chance d’être nées en France !

Michaela Spiegel. Sa série « Prise de vue ».

Peintre, photographe et cinéaste, Michaela Spiegel a étudié aux Arts Appliqués à Vienne en Autriche. Elle vit entre Zurich et la France où elle a créé le centre Pompadour, un laboratoire néoféministe qui accueille des artistes du monde entier. La thématique majeure de son œuvre foisonnante est l’Histoire de la femme et ses évolutions contemporaines.

Site : http://www.michaelaspiegel.com/ Vidéos sur vimeo.

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