Le rêve éveillé de l'homme de ménage
- Gala Fur
- 26 mars
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 11 heures
Plaisir fétichiste et onaniste à se pavaner nu sous un collier de cuir et un cockring ou vêtu en soubrette, l'homme de ménage est dans sa bulle pendant qu’il passe l’aspirateur. Certes, il a une vision gynarchique de son rapport aux femmes - du moins chez "Madame" - mais le ménage dont la maîtresse l'a chargé passe à l’as !

La poussière est invisible, les recoins oubliés, l’esprit d’initiative en berne et pour cause : l’homme de ménage est en automatique, il évolue dans une sorte de rêve éveillé. Après chaque session de ménage, les chiffons restent en plan. Certains soumis mettent de l’eau partout, rangent les détergents n’importe où. D’autres viennent faire le ménage chez une dominatrice comme s’ils se rendaient chez un psy, parlent de leur divorce en petit tablier rose le chiffon aux doigts, se vantent du nombre de jours passés en cage, la quéquette cloîtrée pour se punir et jouir des titillements excitants au zizi. Il faut leur mettre un bâillon-boule pour avoir la paix.
Mais il subsiste encore des perles rares. Mon cher James, par exemple, qui lustre les carreaux de mes fenêtres comme personne. James a pris goût à servir au point d’investir le jeu de rôle à fond : il loue ses services pour de courtes périodes contre de l’argent sonnant et trébuchant, et va d’un château d’aristocrates à une villa de Russes grâce au bouche-à oreille. S’il officie dans un appartement de luxe à Neuilly ou au Champ de mars, il vient chez moi l’après-midi, en roller, en roue ou en trottinette, parfaire la transparence de mes vitres et miroirs, et rentre à temps chez sa patronne pour faire le service à table en gants blancs et annoncer « Madame est servie » avant de gagner sa chambrette de domestique.

Depuis Deauville ou Saint-Tropez, James m’envoie des selfies de lui, très fier dans son uniforme de guêpe à rayures jaunes et noires, souriant aux côtés des "Mesdemoiselles » qu’il conduit en voiture à leur leçon d’équitation et d’autres photos sur lesquelles je le découvre à l’œuvre, le cirage à la main devant une paire de bottes cavalières, une passion commune qui me rappelle le nécessaire à chaussures de ce cher Patrick, un bibliophile pervers qui adorait l’odeur des cirages de J.M. Weston - de grande qualité à l’époque -, et qui bichonnait ma collection d’escarpins.
La petite galerie du mois : les deux dessinateurs anglo-saxons les plus cultes !
Sardax, le fétichiste fantasque qui magnifie la femme, dominatrice dans chaque pan de son quotidien. IL a notamment illustré La Vénus à la fourrure de Sacher-Masoch dont il a fait sa propre traduction en anglais.
Eric Stanton, le dessinateur américain des années 50-60 surnommé "le Rembrandt du Pulp", fétichiste amateur de femmes puissantes et combattantes qui ligotent et clouent au sol femmes et hommes dans les postures les plus incongrues.
Madame Gala,
Votre billet me montre qu'à chaque fois que je suis venu chez Vous pour Vous servir, et faire Votre ménage, je l'ai fait avec le plus grand soin, sans laisser traîner quoi que ce soit, sans mettre de l'eau partout.
Je l'ai toujours fait en pleine conscience, pour Vous, et pas pour moi.
Même si bien sûr j'y prenais ce plaisir d'être à Votre service, à Votre écoute, Votre serviteur.
Votre satisfaction était ma récompense.
Karl, qui reste Votre obligé, à Votre écoute, à Votre service.