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L‘étranglement sexuel pour être dans le coup

  • Photo du rédacteur: Gala Fur
    Gala Fur
  • il y a 11 heures
  • 3 min de lecture

« Il y a cette compétition entre amis pour ne pas être ennuyeux, pour ne pas être vanille, » dit une jeune fille anglaise qui accepte que son partenaire l’étrangle pendant le sexe. 64% des étudiantes d’un collège étasunien interrogées disent qu’elles subissent l’asphyxie pendant un rapport sexuel pour montrer qu’elles sont cool et ces jeunes filles l’acceptent sans en avoir un grand bénéfice, si ce n’est le lâcher-prise qui peut mener à un orgasme chez certaines. Elles n’imaginent pas que ce kink peut être dangereux. En Grande-Bretagne, c’est un tiers des jeunes de 16 à 34 ans qui ont adopté la pratique, et aux Etats-Unis et en Australie, plus de la moitié.

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Certes, l’asphyxie peut amener un orgasme formidable chez certains hommes : on se souvient du cas de l’acteur David Carradine, mort par auto-asphyxie dans un hôtel de Bangkok. La pratique existe entre gays sans qu’il y ait de chiffres précis. Mais le seul plaisir qu’un homme peut réellement avoir à étrangler une femme c’est de la dominer et lui démontrer son pouvoir : « je pourrais te tuer si je voulais » … et même lui faire du mal. « Ma partenaire aime avoir une main ferme sur la gorge, sans pour autant étouffer la trachée, mais en limitant légèrement la circulation sanguine lorsqu’elle sent qu’un orgasme est en train d’arriver, » dit un garçon interrogé en Australie. On aurait aimé que sa partenaire le dise elle-même… connectée à un détecteur de mensonge.

« Il faut moins de pression pour bloquer la veine jugulaire que pour ouvrir une canette de coke » écrit Jane Meyrick, une psychologue universitaire qui travaille sur la santé sexuelle, interrogée par le quotidien anglais The Guardian dont un article du 18 novembre 2025 alerte sur la popularité de cette pratique chez les jeunes actifs et les dommages qui en résultent. L’étranglement sexuel est maintenant la seconde cause d’AVC chez les femmes de moins de 40 ans. Etrangler sa ou son partenaire, même une seule fois, peut causer un changement de voix, de l’incontinence, des problèmes de mémoire, des difficultés à se concentrer et à prendre des décisions.

Cette année aux EU lors d’une étude étasunienne

relayée par The Guardian, on a réparti 32 jeunes femmes d’une université du Middle West en 2 groupes : celles qui ont subis plus de 4 asphyxies pendant un rapport sexuel au cours des 30 derniers jours (15 jeunes filles) et celles qui n’ont pas été étranglées (17 jeunes filles). Les échantillons de sang ont montré des niveaux élevés de S100B, un marker de cerveau endommagé, dans le premier groupe.

Lors d’un conseil d’étudiants axé sur l’éducation sexuelle, une école secondaire du pays de Galles a récemment présenté une mention : « étranglement safe » dans le cas où le consentement de la personne a été donné, et précise que l’acte doit être consentie même quand ce n’est pas sa première fois. Non, i n’y a pas d’étranglement safe !

Les études dans les pays anglo-saxons montrent que ce sont principalement des hommes qui l’infligent à leurs amantes : c’est donc généralement la femme qui le subit. Jusqu’à 2016 et les débuts de la période me#too, il y avait bien des gifles et des fessées pendant le sexe, mais l’asphyxie sexuelle ne comptait que pour 15%, en majorité chez les jeunes. La progression en dix ans est donc exponentielle.


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Chez ces pratiquants qui pensent faire du BDSM soft en étranglant leurs partenaires alors qu’ils manifestent leur violence sous-jacente à l’égard des femmes, il n’est évidemment pas question de pratiquer le face-sitting, appelé aussi queening (vénérer une reine qui trône sur la bouche d’un homme), une forme d’asphyxie lente pour laquelle il existe des précautions à prendre tout au long de l’acte qui peut durer 15-20 minutes. Dans mon livre Séances, je décris un face-sitting exécuté sur un masochiste hollandais gainé d’une combinaison intégrale en détaillant les mesures que j’ai adoptées tout au long pour ne pas avoir un macchabée sur les bras car il était en apnée. Dans le queening ce n’est pas la femme, mais l’homme qui est asphyxié sous le fessier de sa partenaire.

Etre dans la position de bottom n’intéresse pas ces jeunes qui suivent la tendance masculiniste et choisissent le rôle du top.

Dans les pays anglo-saxons l’étranglement sexuel tue des femmes, aussi la loi anglaise la criminalise-t-elle depuis 2021. Quant aux Etats-Unis, on peut douter de l’intérêt du gouvernement actuel pour la santé des femmes qui ne sont pas enceintes. Mais que faire pour contrer cette mode, quand des ados de 13 ans regardent des hommes étrangler des femmes sur les sites porno, et même sur TikTok, si ce n’est améliorer l’éducation sexuelle et parler des dangers de cette pratique dans les médias ?


Galerie du mois : le dessinateur japonais passionné de face-sitting, Namio Harukawa, 1947- 2020, né à Osaka, a publié son œuvre la plus célèbre, Garden of Domina en 2012. On remarque que ses dominatrices sont habillées et fument.


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