Que font les fantasmeurs qui ne passent pas à l'acte ?

Ils se masturbent bien évidemment, mais la chair est triste quand on n’a que sa bite comme interlocuteur, comme dans le film Marquis de Topor où Sade est un chien embastillé en tête-à-tête avec sa verge. Faute d'interlocutrice, mieux vaut avoir un support pour entretenir ses fantasmes si l'on n'a pas l'imagination de Sade dont tous les livres ont été écrit à la Bastille. Certains fantasmeurs fonctionnent à l’ancienne : ils regardent des films et des BD, envoient des propositions à des dominatrices sur Fetlife pour le plaisir de se faire ghoster. Des forums permettent d’échanger à distance avec d’autres hommes qui partagent la même marotte, ainsi mon ami viragophile échange ses films amateurs avec ses semblables à l’autre bout du monde.

Le fétichisme vestimentaire permet de se déguiser chez soi et d’assouvir ses pulsions sur un vêtement de cuir ou de latex. Chez les masochistes, mon ami S. se suspend à un harnais à la cave, où il passe de temps à autre la nuit dans un lit-cage, D’autres s'attachent à une porte de placard ou entortillent la corde qu'ils ont au cou à un cintre au risque d’en mourir, comme l’acteur de Kill Bill David Carradine victime d’un accident auto-érotique dans un hôtel de Bangkok. Avec Internet, les images et les vidéos s’offrent à volonté : leur visionnage est une pratique a priori sans danger. Mais je vous l’accorde, tout cela manque de vécu et de convivialité.

Pour la convivialité en présentiel, il existe les munchs. On s’y retrouve attablé devant une bière aux côtés de quelques morts de faim (c’est le terme consacré) ce qui n’est pas toujours ce à quoi on s’attendait. On prend des cours à L’école des Arts Sadiens à Paris, à Lyon ou Toulouse, qui permettent d’assister et de participer à des démonstrations. Attention, certains cours ont lieu en ligne pour le même prix qu'en présentiel, ça vous rappellera l'époque du confinement. D'autres fantasmeurs mondains, plus extravertis, fréquentent les vernissages et les signatures de livres érotiques. Le verre de vin est gratuit, mais à moins que l’artiste ou l’autrice soit une femme, les hommes y sont majoritaires et les femmes dominantes (ou soumises) sont assiégées.

Mais le grand moment de convivialité et de spectacles nourrissants approche ! Ceux qui vont arpenter dans quelques jours les allées du Fetish Market vont pouvoir assister à un grand nombre de performances live et s’offrir des ateliers à petit prix pendant la Fetish Week organisée par Demonia, dont certains sont donnés par les animateurs/trices de L'école des arts sadiens. Pour faire des rencontres, je recommande vivement l’atelier de Création de cache-tétons le jeudi 23 octobre, où les chances d’échanger avec des femmes sont très élevées si vous manifestez votre intérêt pour les nichons. Petit conseil : faites durcir vos mamelons à l'aide de ventouses à tétons avant de vous y rendre pour qu'on vous remarque.

Galerie du mois : cette photographie de Robert Darklight aura moins de risque d'être censurée qu'un téton. Elle figure dans le Dictionnaire illustré du BDSM.