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  • Gala Fur

ETRE SUB, l'excitation dans la passivité

Etre une page blanche sexuelle à la disposition de la personne qui va vous prendre en main car vous voilà soumis.e, quel pied ! Vous vous offrez un grand moment de paresse, un trip sans consommer de substance, une évasion sans déplacement, un authentique voyage dans une vie fantasmée. Pendant vos heures d’esclavage, vous êtes animé.e de l’anxiété légère de l’attente de quelque chose de fort, mâtinée du plaisir de n’y être pour rien tout en le désirant. Vous êtes totalement présent.e bien qu’une bonne part de votre cerveau soit sur « off ». Vous vous laissez faire. « Le lâcher-prise n’éteint pas l’excitation, il l’accompagne » écrivent le Dr Marc Galliano et la journaliste Rica Etienne dans leur livre Tout savoir sur le sexe des hommes.


Vous faites ce qu’on vous demande avec un zèle inhabituel. Vous léchez les pieds du maître qui vous a demandé de vous agenouiller et s’il s’agit d’une maîtresse, vous lavez ses sous-vêtements à la main et les tenez entre vos dents devant un ventilateur, le temps qu’il faut pour qu’ils soient bien secs comme elle l’exige. Vous avez la délicieuse sensation d’être regardé.e pendant la pose d’un collier prolongé d’une laisse, ou celle d’un bâillon qui va nous dispenser d’ouvrir la bouche pour dire des bêtises ou commenter la situation histoire de remplir votre propre vide. Chaque fois qu’il faut obéir à un ordre, une petite partie de votre cerveau se remet en marche, vos synapses se reconnectent et vous vous appliquez comme à l’école, vite, vite, lui donner satisfaction pour éviter la punition. Vous serez peut-être griffé.e, mordu.e et même un peu battu.e. Et si la punition prolongeait ce moment de limbo dans un emprisonnement, ligoté par quelques cordes qui justifieraient doublement votre passivité ?



Vous lui avez donné carte blanche, certes dans la mesure des limites posées à l’avance dans vos échanges, et le rappel de l’espace de sécurité et du mot d’arrêt dans la dernière conversation ou le dernier chat (assorti d’un petit rappel avec deux trois trucs que vous aimeriez qu’on vous fasse… ). A moins que vous risquiez le tout pour le tout en lui offrant votre passivité la plus absolue ce qui permettra à votre « top » de donner libre cours à sa créativité. Vous râlerez quand même si ça dérape, et probablement, victime de votre rigidité mentale et de vos manies, si ça part dans un sens qui n’est pas le vôtre. Pendant ce temps vos soucis, votre quotidien, tous les petits enfers qui vous pourrissent la vie disparaissent. Oublier la pression de la performance dans le rôle du « sub » peut vous procurer les joies de la sublimation. Le temps ne compte (presque) plus, jusqu’à l’heure fatidique où vous remettrez les vêtements avec lesquels vous êtes arrivé.e puisque ce moment de grâce aura pris fin. Toute bonne chose n’a-t-elle pas une fin ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes partie prenante de cette finitude ?



La petite galerie du mois : Edith Meijering, peintre et aquarelliste née aux Pays-bas (1962) a étudié à l’Artez Fine Arts Academy de Kampen. Elle est décédée du Covid en 2021. Un aperçu de son travail sur https://beeld.be/kunstenaars/edith-meijering













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