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  • Gala Fur

Femdom au donjon idéal


Devant moi s’étire un long couloir gothique jalonné de cages et de cercueils et flanqué de cinq portes. Thomas commente la visite des trois salles à spécialités. Comme les Anglais, les Suisses sont fétichistes du latex. Réminiscences du Macintosh de papa chez les uns, des culottes de caoutchouc de bébé chez les autres. La salle latex comprend tout ce qu’il faut pour transformer l’homme en RUBBER DOLL (poupée de latex), culs bombés comme les implants fessiers de Kim Kardashian, vêtements et visages féminins. « Moi, ce n’est pas mon truc, dit Thomas. J’ai des goûts classiques ». Thomas veut dire qu’il aime le cuir épais et noir à l’allemande, les fessées à main nue et les coups de fouet (cuir exclusivement). Il habite Munich et vient au donjon zurichois en autocar.

La pièce voisine est consacrée à la féminisation. J’aperçois l’immense garde-robe pour travestis – le rouge et le noir exclusivement – enfermée derrière des grilles cadenassées. Si vous chaussez du 46, apportez vos cuissardes, soumis-Cendrillon, passez votre chemin : le rayon chaussures va du 42 au 45.

A côté, le cabinet médical m’époustoufle ! C’est beau, rutilant, aux couleurs d'un film de science-fiction des années 1950. il faudrait l’infirmière en costume de l'époque pour manier le matériel, table gynécologique ancienne - cuir et pédales chromées en parfait état - scalpels, forceps, dentisterie, bouteilles d’oxygène vintage, de quoi inquiéter Thomas si l’infirmière s’intéressait à lui faute de client, mais en observant ses pieds nus, je constate qu’il a encore des ongles à tous ses orteils.

Le clou du donjon est la grande salle de jeux de 150 mètres carrés, la PLAYROOM de l’autre côté du couloir gothique, dont la surface équivaut aux trois autres. Roue électrique importée de Londres (Fetters), suspensions de toutes sortes, cheval d’arçon machiavélique, machine à goder sophistiquée qui pourrait sodomiser 3 hommes en même temps mais dont Thomas récuse le bien-fondé. Un soumis ne se demande-t-il donc jamais si la dominatrice a du plaisir à pousser et tirer manuellement sur le gode ? N’est-il jamais assez féministe pour comprendre que se faire les ongles devant la scénarisation d’une machine à goder électrique en action peut être jouissif pour une dominatrice ? La cellule de prison pour de longs séjours, la CONFORT CELL, est séparée de la salle de jeu par une grille qui autorise les échanges. Mais je frémis devant le cachot 100% claustro, cellule de métal anthracite où le seul luxe est de pouvoir s’y tenir debout.

Au fond du couloir, Thomas ouvre la porte gothique qui donne sur sa salle préférée. L’esprit du château français vu par les teutons en a dicté la décoration : lustre en cristal, faux feu dans la cheminée, velours rouge sur les murs, équipement en cuir matelassé. « Classique ! » Commente Thomas en extase. Après un dernier expresso, j’apprends que tout est l’œuvre d’un usager unique : il a entièrement conçu et décoré le donjon !

A la sortie, je remarque le grand paravent masque l’entrée de DER FEMDOM. Le client peut se cacher si une personne sort de l’ascenseur en même temps que lui. Il y a d’autres sociétés au même étage de cet immeuble moderne, de grands bureaux, perdus dans cette banlieue lointaine, à 10 minutes de l'aéroport, où les clients peuvent stationner sur l’une des six places réservées au donjon. Le mot d’ordre du SM zurichois : la discrétion.


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