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  • Gala Fur

Petites bites et BDSM


 

Je réfléchis aux « petites bites » à la suite de la lecture de l’intéressant éloge d’Octavie Delvaux[1] : ma mémoire en a exhumé trois. Les plus mémorables appartenaient chacune à un pervers polymorphe qui n’avait pas la soumission chevillée au corps, mais bien plutôt le vice. La troisième équipait un travesti qui l’avait rétrécie à une portion minimaliste parce qu’il n’en voulait pas et la scotchait à l’entrejambe.

L’un des deux propriétaires mémorables de petites bites, celui que j’appellerai Luc, était voyeur et amateur d’ondinisme tandis que l’autre, Julien, avait un goût prononcé pour les jeux de hasard, dont il écrivait à l’avance les multiples figures possibles en fonction des jets de dés à venir de ses dominatrices. Leurs points communs (hormis la petite taille de leur quéquette) étaient l’absence de gêne à se montrer nus (en dépit d’une volumineuse bedaine) et… leur masturbation compulsive.



S’empiffrer en abondance de mets délicieux en compagnie des personnes qu’ils avaient conviées précédait ou suivait un épisode BDSM (qui mérite à peine cette appellation !)

Luc aimait que la maîtresse raconte des choses excitantes ou qu’elle se livre à des actes de domination sur une femme, sur un homme ou sur un travesti, ou encore qu’elle dirige des interactions entre plusieurs personnes devant lui, y compris l’ondinisme. Julien était, pour sa part, un souminateur qui se branlait sans vergogne pendant les jeux de hasard qu’il imposait, cartes, dés, roulette, même quand on lui faisait remarquer qu’il n’en avait pas reçu l’autorisation.

Certes, les hommes bien montés aiment aussi se masturber devant un.e partenaire (lorsqu’ils en ont reçu l’autorisation) mais leur avantage sur leurs congénères moins dotés aux yeux d’un.e dominatrice/teur est qu’une fois bien tendue, la surface de leur verge est plus spacieuse pour qui veut s’adonner à des jeux d’aiguilles (avec consentement), y passer la roulette chinoise ou un petit bouquet d’orties, fixer à des testicules offrant une bonne prise un cockring ou un parachute, auquel suspendre quelques poids. Bien sûr, même si les trois petites bites que j’ai croisées représentent moins de 3% de toutes celles qu’il m’a été donné de voir, mon expérience ne peut aucunement servir à ériger une règle quelle qu’elle soit. Qu’on ne me fasse pas dire que les hommes à petites bites se masturbent plus que les autres, ou sont tous des pervers polymorphes. Je conçois qu’en matière de coït « l’idée qu’une bite plus grande a une valeur plus grande conduit beaucoup trop d'hommes, qui, en moyenne, ont un pénis compris entre 12 et 15 centimètres, à se sentir terriblement inadéquat « ces angoisses, à leur tour, alimentent les industries douteuses des suppléments et de la chirurgie expérimentale. [2]» Je suis d’accord avec les témoignages de femmes cités par Octavie Delvaux qui donnent l’avantage aux bites de taille moyenne, bien plus maniables, et dotées d’une agilité supérieure au maladroit braquemart. Serait-ce donc la prétention physiologique du détenteur (masochiste) d’une grosse bite qui le pousse à subir des sévices pour s’en punir ?




[1] Eloge des petites bites, pour en finir avec la dictature viriliste, Octavie Delvaux, 2023

[2]Pourquoi les petites bites pourraient revenir à la mode, Mark Hay, Vice, 30.8.2019


Galerie du mois : Tomy Ungerer, Ladies and Housewifes, dans Erotoscope, Taschen, 2003.


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